En réaction à la mondialisation et des États et des municipalités provient Par exemple, la Californie, avec une à la révolution que représentent les des activités des entreprises locales. population de 34 millions, possède une technologies d’information, presque base de production dépassant un trillion tous les États et certaines municipalités de dollars annuellement, et son budget

La scène internationale

du système fédéral américain ont décidé gouvernemental atteint presque 100 de participer activement au secteur Évalués en fonction de leur production milliards de dollars par année; cet État a international afin de protéger les intérêts annuelle de biens et de services, trois États une douzaine de bureaux à l’étranger et de leurs citoyens. américains, soit la Californie, l’État du New participe à de nombreuses missions

York et le Texas pourraient figurer parmi les commerciales internationales, à desLes importations et les exportations

dix économies nationales dominantes au foires commerciales et à d’autres représentent actuellement un quart

monde, alors que 20 États américains genres d’activités outre-mer. du PNB américain. Plus de 18 millions

comptent parmi les plus importants pays. d’emplois aux É.-U. sont directement L’Ohio a sept bureaux à l’étranger, sans reliés à l’économie internationale, dont À l’échelle internationale, l’élargissement compter trois bureaux supplémentaires en 12 millions sont directement rattachés des activités économiques des États Amérique latine parrainés conjointement aux exportations, un million au tourisme américains s’est avéré fort impressionnant. par plusieurs États des Grands Lacs. international, alors que 5 millions et demi En 1970, quatre États avaient des bureaux

L’Utah, avec sa population réduite de

d’Américains travaillent aux États-Unis pour à l’étranger, alors qu’à présent, Porto Rico seulement deux millions, a négocié des

le compte de sociétés étrangères. et 42 États américains ont 180 bureaux à contrats avec des représentants de 25

l’étranger dans presque 30 pays distincts. Indirectement, un nombre encore plus pays différents pour qu’ils fournissent des grand d’emplois sont reliés à l’économie Plusieurs gouverneurs et maires de services spécialisés à des sociétés établies internationale parce que la pénétration villes importantes dirigent annuellement dans cet État et aident à attirer de

des importations atteint des niveaux sans au moins une mission internationale, et nouveaux investissements, ainsi que précédents et que les compagnies locales les gouvernements des États américains des touristes à cet État. doivent concurrencer dans leur propre consacrent plus de 100 millions de dollars

marché domestique les biens et services par an à leurs programmes internationaux,

Le programme national

provenant de l’étranger. en plus d’offrir des milliards de dollars en subventions, prêts ou dégrèvements Au pays, les gouvernements des États

Ces gouvernements estiment qu’il est

d’impôt à des sociétés étrangères et les municipalités tentent de créer des indispensable de participer à l’échelle

désireuses de créer des filiales en économies concurrentielles à l’échelle nationale et internationale puisqu’un

sol américain. internationale, et reconnaissent que lapourcentage si important des revenus

a mondialisation économique s’intensifie compte tenu des La publication intitulée Encyclopedia of the Future estime que la échanges internationaux sans précédent de biens, de services, de quantité d’information à caractère scientifique double tous les 12 capitaux, de technologie et des individus. Le commerce mondial de ans, alors que l’information à caractère général double à tous les biens et de services atteint presque sept trillions de dollars américains deux ans et demi. par an, et cet accroissement se produit à un taux presque trois fois

Bill Gates prévoit que plus de changements se produiront dans lesupérieur à celui de la croissance totale des économies nationales.

milieu commercial international d’ici dix ans que tous ceux qui se La croissance des services commerciaux, des investissements privés et sont produits depuis cinquante ans, et que la vélocité deviendra le des investissements internationaux directs, ainsi que celle du tourisme thème dominant. international, est encore plus importante que l’expansion des

La révolution des TI comprend la prolifération des ordinateurs échanges mercantiles.

puissants, l’expansion rapide d’Internet et la croissance du nombre La société McKinsey & Associates estime que seulement un cinquième d’internautes, la numérisation, les techniques sans fil, la de la production mondiale fait actuellement l’objet d’une concurrence miniaturisation, les fibres optiques, et la croissance de la bande de universelle au chapitre des produits, des services et de la propriété. fréquence. Cependant, cette société prévoit que d’ici 30 ans, quatre cinquième

Les nouvelles techniques ont consolidé les réseaux de production de la production mondiale pourrait faire l’objet d’une concurrence à internationaux et perpétué les marchés boursiers et les cycles l’échelle mondiale, ce qui pourrait déboucher sur un élargissement commerciaux fonctionnant 24 heures sur 24, lesquels se divisent àencore plus imposant de l’intégration économique à l’échelle peu près en tranches de huit heures en Asie, en Europe et enmondiale.

Amérique. Le rythme de l’interdépendance régionale et mondiale s’accélère en raison de la révolution des technologies d’information (TI).

Fédérations volume 1, numéro 2, janvier 2001

mondialisation ainsi que la révolution des TI pourrait avoir un impact sur un État ou une ville fort différent de ses effets sur d’autres États et villes du système fédéral américain.

Ainsi, Detroit a perdu presque 70 p. 100 de ses emplois dans le secteur manufacturier depuis son « âge d’or » des années 1960, alors que les emplois dans Silicon Valley ont augmenté de presque 1 000 p. 100 depuis 20 ans.

Depuis 1999, les emplois reliés à Internet en Californie ont plus que doublé, à une époque où les agriculteurs dans plusieurs autres États subissaient la perte d’exportations agricoles.

Le Progressive Policy Institute de Washington, D.C. fait remarquer que les programmes des États se concentrent sur cinq secteurs principaux, soit les emplois reliés au savoir, la mondialisation, le dynamisme et la concurrence économique, la transformation en une économie numérique, et la capacité d’innovation technologique.

Plusieurs États tentent de mettre au point des centres technologiques, en espérant qu’ils aient l’effet de « grappes » et créent de mini-Silicon Valleys.

Gray Davis, gouverneur de la Californie, fait remarquer que la Silicon Valley n’existait pas il y a 50 ans, ni d’ailleurs l’industrie de la biotechnologie il y a 30 ans, et qu’Internet n’existe que depuis dix ans. Le gouvernement de cet État offre des fonds pour des California Institutes for Science and Innovation intégrés à plusieurs universités publiques et qui s’intéressent aux nouvelles découvertes en médecine, en biogénie, en télécommunications et systèmes d’information, en ressources énergétiques, en technologies spatiales et en technologies agricoles.

Comment se débrouillent les municipalités et les gouvernements des États?

La structure fédérale américaine présente à la fois des avantages et des inconvénients en période de mondialisation et de révolution des TI.

Pour ce qui touche cette dernière catégorie, les gouvernements des États adoptent occasionnellement différents points de vue sur les dossiers par rapport au gouvernement national, tels que par exemple la tentative du Massachusetts de punir les sociétés transigeant avec la Birmanie, ce qui peut nuire au pays dans sa tentative de tenir un discours unifié en matière d’affaires étrangères.

Une deuxième préoccupation se rapporte aux milliards de dollars en stimulants offerts par les municipalités et les gouvernements des États qui se livrent concurrence pour attirer des sociétés étrangères dans leurs juridictions respectives, en dépit d’études indiquant que presque toutes les entreprises étrangères sont prêtes à investir aux États-Unis sans recevoir d’incitatifs de la part du gouvernement.

Un troisième problème est le dédoublement d’activités et de services alors que les États ouvrent des bureaux à l’étranger ou parrainent leurs propres missions commerciales, même si une éventuelle coordination avec d’autres États ou avec le gouvernement fédéral pourrait leur sauver à la fois temps et efforts.

Une quatrième préoccupation porte sur la nature sporadique de la coopération intergouvernementale en ce qui touche la préparation à la mondialisation et aux changements technologiques rapides.

Enfin, un cinquième problème est lié aux ressources relativement limitées que les gouvernements des États consacrent à leurs programmes internationaux. En guise de comparaison, le Québec a un budget international plus important que celui des 50 gouvernements des États américains pris ensemble (à l’exclusion des mesures d’incitatifs à l’investissement).

L’avantage principal du système fédéral américain se rapporte à une observation de l’ancien juge de la Cour suprême des États-Unis, Louis D. Brandeis :

« Par un heureux incident occasionné par le système fédéral, un seul État courageux est en mesure, si ses citoyens en décident ainsi, de servir de laboratoire et de tenter de nouvelles expériences sociales et économiques sans risque pour le reste du pays. »

Plusieurs gouvernements des États, travaillant de concert avec leurs secteurs privés, ont été des laboratoires d’innovation, tout spécialement en ce qui touche l’essor des nouvelles technologies.

Les municipalités et les gouvernements des États doivent aussi supporter le fardeau de mettre au point des infrastructures et des systèmes éducatifs de niveau mondial, lesquels s’avèrent critiques pour que leurs secteurs privés puissent demeurer concurrentiels au niveau mondial. La flexibilité et l’adaptabilité que l’on retrouve dans le système fédéral américain constituent d’importants avantages en période de changements économiques et technologies sans précédent.

* * *

Plus qu’avant, les municipalités et les gouvernements des États américains ont une présence internationale. Cette activité devrait s’intensifier à mesure que la mondialisation et les nouvelles techniques réduisent la distance physique et psychologique entre les populations locales et l’arène internationale.

Historiquement, les États-Unis ont été un pays plutôt provincial et insulaire, fixé sur lui-même et quelque peu nombriliste. Il est possible que le slogan « penser à l’échelle mondiale et agir localement » pourra promouvoir une participation internationale plus constructive et faire ressortir l’idée qu’il est impossible pour les États nations individuels de résoudre par eux-mêmes les nombreux problèmes auxquels le monde doit faire face aujourd’hui.

D’autre part, les municipalités et les gouvernements des États ont fait très peu pour promouvoir dans les écoles publiques une formation en matière de langues étrangères et une meilleure connaissance des dossiers internationaux.

À l’encontre du Québec, très peu d’États américains aident les familles à faible revenu à acheter des ordinateurs et à naviguer sur Internet, ce qui exacerbe les divisions entre riches et pauvres.

De plus, à l’encontre de l’Alberta, très peu d’États ont dressé des plans sérieux afin de fournir à toutes les communautés rurales une connectivité Internet à haute vitesse et à une vaste bande de fréquence.

Facteur encore plus important, seuls quelques États ont mis au point des plans stratégiques détaillés pour relever les défis de l’avenir et profiter des perspectives nouvelles à une époque de mondialisation et de révolution technologique internationale.

Sans l’ombre d’un doute, le système fédéral américain doit s’adapter encore plus rigoureusement à un milieu international en évolution rapide, et l’on doit adopter de nouvelles perspectives pour rehausser la collaboration entre les gouvernements des États, le gouvernement national et les municipalités, et les citoyens.

Fédérations volume 1, numéro 2, janvier 2001